Elle peut être faite par le dessinateur lui-même, ou par un(e) coloriste (plus d'une épouse de dessinateur réalise les couleurs des planches de son mari). Dans ce cas, le dessinateur donne des indications sur ce qu'il désire obtenir.
La mise en couleur peut
aussi être effectuée par un studio
spécialisé
: ça a longtemps été le cas aux éditions
Dupuis avec le studio Léonardo qui mettait en couleurs
l'ensemble des B.D. publiées dans le journal de Spirou.
L'inconvénient : une standardisation et un manque
d'originalité. La couleur peut en effet jouer
énormément
dans la façon dont on va ressentir une planche et son
ambiance. Voici par exemple trois mises
en couleur différentes d'une bande extraite d'«Aventure
en jaune», de Yann et Conrad.
La mise en couleurs du haut est celle
de la parution dans le journal de Spirou (Dupuis),
celle du milieu correspond à la première
édition de cette histoire en album (Temps futurs, puis
Glénat),
et celle du bas est la mise en couleurs actuelle (Dargaud).
Le moins que l'on puisse dire est que ça change les choses. Si
la première mise en couleurs tranchait déjà (et en
bien) avec ce que l'on trouvait à l'époque dans les pages
du magazine Spirou, si la troisième est honnête (et sans
plus à mon avis), je trouve la deuxième
extrêmement bonne. La coloriste, dont j'ignore malheureusement le
nom, a réalisé un travail superbe, avec des couleurs
assez pâles, comme délavées, réussissant
à rendre bien mieux que dans les autres versions
l'atmosphère enfumée du bouge où se déroule
l'action, et rajoutant même des effets de lumière, comme
si un abat-jour n'éclairait que la table, laissant les joueurs
dans l'ombre. Bref, un régal, et la version actuelle
paraît bien morne à côté.
Autre exemple : une mise en
couleur (recherchée) d'une planche de Zoo 1, de Frank et
Bonifay :
Zoo (c) Dupuis
On voit que la mise en couleurs peut être très importante
et changer complètement l'effet produit par la planche. Et
combien d'histoires superbes ont souffert de mises en couleurs
ratées...
Un peu de technique
Classiquement, la couleur se mettait rarement directement sur la planche : on fait un tirage de celle-ci en bleu clair (une couleur qui ne se verra pas à l'impression) et au format de publication. C'est sur ce « bleu » que le coloriste va travailler. Ainsi, au moment de l'impression, il suffira de superposer la planche au trait noir, le bleu des couleurs, et éventuellement le texte s'il a été fait à part.
Mais il arrive de plus en plus souvent que certains auteurs, faisant eux-mêmes leurs couleurs, travaillent en « couleur directe » : la couleur est posée directement sur la planche. C'est plus risqué, mais le résultat peut être superbe !
Il devient fréquent aussi que la mise en couleur se fasse par informatique, la planche étant scannée, voire composée directement par l'auteur sur ordinateur.