Les auteurs, pour présenter un travail crédible et exempt d'erreur, ont besoin de se livrer à des recherches de documentation. Le scénariste, tout d'abord, quand il élabore son histoire : il existe ainsi une anecdote sur Greg qui, dans un épisode du western Comanche où un personnage devait prendre une diligence, avait fourni à son dessinateur les horaires réels de l'époque. De façon plus générale et à moins de faire dans l'héroïc-fantasy, le scénariste va forcément s'appuyer sur des éléments concrets s'il veut rendre son récit crédible, d'où un besoin de lire et de se documenter.
Les besoins en documentation du dessinateur concernent
essentiellement l'aspect visuel. Ils peuvent se traduire par la
lecture d'ouvrages sur le contexte historique ou social,
l'architecture, les habillements et uniformes, les véhicules,
outils, armes, bref tout ce pour quoi on a besoin de restituer la
réalité. Beaucoup d'auteurs de bandes dessinées se
constituent ainsi de véritables bibliothèques sur les
thèmes dont ils traitent dans leurs bandes dessinées.
Internet devient aussi une source majeure d'informations.
Voici quelques exemples d'utilisation de documentation par des
dessinateurs :
Dans le sillage des
sirènes (c)
Casterman
Une
antique maison de Bayeux utilisée (en miroir) par François Bourgeon, toujours
pour "Les compagnons du crépuscule"
L'aventure d'une
B.D. (c) Le Lombard
Un
exemple d'utilisation de plusieurs sources iconographiques par Derib
dans la construction d'une planche de Buddy Longway
Il n'est pas rare que les auteurs fassent des repérages ou un
reportage
photo sur les lieux où l'histoire est censée se
dérouler,
comme l'ont fait Annie Goetzinger et Pierre Christin pour leur album
« Le poisson rouge » qui se déroule en
URSS à la fin des années 50 :
La lettre de Dargaud n° 76 (c) Dargaud
André Taymans, auteur complet, explique : « Mes
décors tiennent la route parce que je me
rends presque toujours sur place : je pars avec mon scénario
sous le bras et je fais des repérages, j'accumule une
documentation personnelle. Ca me permet de corriger des
approximations ou même de modifier mon récit en fonction
de ce que je découvre sur place. »
Cette constitution d'une documentation est souvent un travail de
longue haleine. Quand Lambil a repris la série humoristique "Les
Tuniques bleues", Cauvin lui
a volontairement fourni un épisode (« La prison de
Robertsonville ») se déroulant à
l'intérieur
d'un camp de prisonniers, ce qui limitait les besoins en recherches et
lui a laissé le temps de trouver de la doc pour les
épisodes
suivants de la série.
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XIII (c) Dargaud |
On voit que les dessinateurs ont appris à se méfier de la vigilance des lecteurs, et pas seulement pour ce qui est de leur documentation, d'ailleurs. Il existe une anecdote sur Hergé qui avait, dans une case d'un album de Tintin, dessiné le perron du château de Moulinsart avec une marche en moins par rapport à d'habitude. Il y a eu des lecteurs pour le remarquer et lui écrire, et l'erreur a été corrigée dans les éditions suivantes !