Après 1968, il y a crise au journal Pilote. Gotlib, Mandryka et Brétécher s'en vont fonder l'Echo des savanes, Gir-Moebius et Druillet Métal Hurlant. Des revues éclosent un peu partout (Charlie Mensuel, Métal Hurlant, Fluide glacial,...), les auteurs abordent librement les thèmes les plus variés : politiques, sociaux, sexuels (on est dans l'après 68). C'est aussi le cas en Amérique où l'on a vu apparaître l'Underground dès les années 60 (Crumb, Shelton, Bodé,...)

    A suivre naît en 1978 et propose une B.D. plus proche de la littérature (le roman graphique). Il fait sortir les dessinateurs du standard de l'album en 44 pages en leur laissant créer de longs récits, ce qui est une révolution, publie des auteurs étrangers comme Hugo Pratt, Manara, Torrès. Parallèlement, la B.D. française s'impose et se diffuse beaucoup à l'étranger. Et beaucoup d'auteurs étrangers rêvent de se faire publier en France !

    Le secteur de la Bande Dessinée explose littéralement dans les années 80, en terme de production comme de vente. Dans cette période, on voit aussi diminuer largement la lecture du journal et augmenter celle des albums. Le comportement des lecteurs a changé : ils sont moins patients et ne veulent plus attendre la semaine ou le mois suivant pour savoir la suite de l'histoire.

    Ces dernières années, la B.D. bénéficie d'une croissance exceptionnelle et compte les meilleures ventes de l'édition française. Citons Gilles Ratier : "Plus généralement, c’est toute la BD (expression culturelle très segmentée) qui augmente sa production, continuant à bénéficier d’une grande diversification de son lectorat et d'un profond renouvellement de la création. Cependant, cette inflation de titres diminue la visibilité de 6 livres sur 10. Si le 9ème art est le secteur le plus dynamique d’un marché du livre plutôt morose, il n’est pas indéfiniment extensible. D'ailleurs, la profession s’interroge sur la surabondance de l’offre, même si cette diversité permet, à l’inverse des craintes, de limiter la casse !"

  

Pour illustrer la progression du secteur, voici le tableau du nombre de publications depuis 2000

 
ANNEESNOUVEAUTESREEDITIONSARTBOOK'SESSAISTOTAL
20001137285103381563
20011292406146461890
20021494436207672204
20031730515212692526
20042120610254863070
20052701552258893600
200631956122221014130
20073312712204854313
20083592821271624746
20093599892297754855
20103811980297775165
201138411058339895327
201241091069311765565
20133892880298895159
201439461058319875410
20153924960276965255
20163988964266875305

 © Gilles Ratier, secrétaire général de  l'ACBD  (Association des Critiques et  journalistes de Bande Dessinée)

    Un phénomène d'édition, de vente, et donc de lecture qu'il n'est plus possible d'ignorer. En même temps, les comportements des acheteurs sont les mêmes que pour la littérature : il y a des locomotives qui boostent le marché (Astérix, Titeuf, XIII, Thorgal,...) et représentent des centaines de milliers d'albums vendus par titre, et de petits éditeurs qui prennent des risquent pour publier une B.D. différente. Notons d'ailleurs que les auteurs publiés par ces petits éditeurs, apparus en grand nombre dans les années 1990, représentent littéralement une « nouvelle vague » artistique, en se livrant à nombre de recherches et d'expériences graphiques et narratives étonnantes et très réussies. Si les auteurs qui ont « éclaté » dans les années 70 réagissaient contre la censure et abordaient des thèmes jusque là interdits (et pas seulement dans la B.D.) comme le sexe et la politique, les Sfar, Guibert, Trondheim, Menu, Blain, David B., Satrapi,... mènent un combat d'ordre artistique en abordant des thèmes plus intimes et plus personnels.




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